A propos de spiritualité et politique

«Si nous n’accordons pas autant d’attention au développement de la conscience qu’à celui de la technologie, nous ne ferons qu’étendre la portée de notre folie collective.» Ken Wilber, agir de manière holistique

«Lorsque vous et moi regardons à l’intérieur de nous-mêmes, nous découvrons un monde différent, non pas un monde de bits et d’octets et d’unités numériques imaginaires, mais un monde d’images et de représentations, de faim et de douleur, de pensées et de perceptions, de désirs et d’appétits, d’intentions et d’aversions, d’espoirs et de craintes. Et nous reconnaissons immédiatement et directement ces données intérieures : elles nous sont simplement données, elles sont simplement là, elles émergent simplement, et nous les percevons dans la mesure où nous voulons les percevoir.» Ken Wilber, Das Wahre, Schöne, Gute –  page 30 (The Good, the True, and the Beautiful)

Dans la préface de ce livre qui a fait époque : «The Good, the True, and the Beautiful» de Ken Wilber, il y a ce court et remarquable essai «A propos de Dieu et de la politique». Il traite de la question centrale qui n’a pas perdu un pouce de son actualité depuis toutes ces années : comment combiner l’esprit libéral de la modernité avec une véritable spiritualité ?

Ken Wilber écrit qu’aucune approche valable n’existe ni n’a existé pour relier ces deux courants de l’activité humaine et qu’au contraire, le libéralisme moderne est apparu comme un contre-mouvement de la religion traditionnelle. Ainsi, la religion fut largement abandonnée au camp conservateur. Puis il écrit cette phrase, que je ne peux que reproduire sans filtre : «Personne ne voudra remettre en question le fait que le libéralisme a fait beaucoup de bien. L’inconvénient cependant, c’est que trop souvent la tyrannie religieuse a été simplement remplacée par la tyrannie économique et que le dieu de l’argent tout-puissant a pris la place du dieu du pape. L’âme ne pouvait plus être brisée par Dieu, mais elle pouvait être anéantie par l’usine. Le plus important dans la vie n’était plus la relation au divin, mais la relation à son propre revenu. Dès lors, au milieu de l’abondance économique, l’âme fut petit-à-petit affamée.»

Et aujourd’hui, où en sommes-nous dans cette question de spiritualité et politique ? Avons-nous vraiment progressé de manière significative ? N’est-il pas vrai que la nette domination de l’économie et du rationnel ait mené le monde à l’endroit exact où il se trouve aujourd’hui ? Que notre adhésion au sacro-saint paradigme de croissance et donc à la surexploitation effrénée des ressources terrestres limitées menace de déséquilibrer le monde et la nature ? Qu’un vide intérieur mène à un consumérisme hédoniste insouciant ?

Les graves revers de la médaille de la modernité comprennent une orientation matérialiste et monétaire unilatérale qui commence par chaque individu et s’étend à un système économique déséquilibré, où la croissance et le profit sont les maximes les plus élevées et où le bien-être des humains et de la nature est supplanté et relégué au second plan. Que chacun examine par lui-même, dans son environnement ou dans le discours politique public, dans quelle mesure cette affirmation est vraie

Le livre original de Ken Wilber mentionné ci-dessus a été publié en 1997 et la version allemande en 2000. Il porte le sous-titre significatif «Spirit and Culture in the 3rd Millennium (Esprit et culture dans le 3ème millénaire)». La principale préoccupation de la philosophie intégrale est d’aider une forme mature de spiritualité et d’intériorité à retrouver son véritable statut à tous les niveaux. Une vingtaine d’années plus tard, nous pouvons affirmer que le chemin à parcourir est encore long pour s’approcher de la réalisation d’un avenir véritablement global et intégral. Cependant, il semble que de plus en plus de personnes ressentent dans leur cœur que le temps est mûr pour de nouvelles approches, pour une nouvelle pensée, pour l’idée de repenser le monde (Maja Göpel, «Die Welt neu denken» (Penser le monde d’une nouvelle façon), ce méga best-seller est paru en juin 2021 dans sa 18e édition) – pour la question de savoir comment nous voulons vraiment vivre.

L’homme est un être spirituel. Aucune idéologie au monde ne peut balayer cela sous le tapis. Et pourtant, il n’a pas encore été possible d’établir à ce jour des formes matures et universellement reconnues de mises en pratiques spirituelles ni de les ancrer largement dans la société, l’économie et la politique. À mon avis, c’est la cause essentielle de l’état actuel du monde, des dissonances sociales et écologiques. Et en même temps, c’est la clé pour faire évoluer les choses dans une meilleure direction : vers plus d’inclusion, plus de beauté, plus de vérité, plus de justice, plus de durabilité.

Récemment, l’auteur intégral lucernois Gary Zemp a écrit ce beau texte :

«C’est de toute évidence l’heure de la conscience intégrale, qui englobe toutes les perspectives, pour observer, penser d’une nouvelle manière et mesurer à l’aune de la plénitude le monde, l’humanité et la nature. Il est temps que le parti et mouvement Politique Intégrale, qui se positionne depuis le futur, se présente au public en tant que leader d’opinion. Il est temps que Politique Intégrale serve la société comme fer de lance du changement, vers des relations plus réussies, vers plus de plénitude, plus de service à la vie, plus d’amour. Il ne s’agit pas simplement d’objectifs d’une future société intégralement définie, dessinés sur un panneau d’affichage ; ces qualités découlent de la compréhension de soi de chaque être humain ayant une conscience intégrale.

Le temps est venu pour Politique Intégrale d’assumer ses responsabilités. Parce que c’est la seule organisation politique qui essaie de résoudre les tâches sociales d’une tout autre manière que les partis existants, en orientant la réflexion depuis le futur. Elle ne corrige pas le passé, mais envisage plutôt l’avenir conçu de manière globale et examine si l’approche politique d’une proposition va dans le sens de la vision, de l’image intégrale du futur.»

A lire (en allemand) :

Tu aimes cet article ?

Teile ihn auf facebook
Teile ihn auf Twitter
Teile ihn per E-Mail

Plus de nouvelles